Lever des fonds est le nouveau sport des entrepreneurs. Les conseils d’Anne Ravanona, fondatrice de la plateforme Global Invest Her dédiée aux femmes.
Sa conférence TedX à Barcelone sur la levée de fonds en juillet 2015 avait fait un tabac. Irlandaise, frondeuse, avocate de la cause des femmes entrepreneures, Anne Ravanona vient tout juste de lancer Global Invest Her, une plateforme internationale dédiée à la levée de fonds et destinée aux femmes. Un outil indispensable si l’on veut apprendre, comparer, et lever davantage d’argent. Voici pour commencer les 5 bonnes questions à se poser.
Les femmes entrepreneures sont-elles à égalité avec les hommes pour lever de l’argent?
Le constat est le suivant : la différence entre les sommes levées dans le monde par des hommes entrepreneurs par rapport aux femmes entrepreneures est de 300 milliards de dollars (source IFC, World Bank). «On peut ajouter que seulement 7% de l’argent du capital risque investi va vers des sociétés pilotées par des femmes. Et 1% vers des femmes de couleur», renchérit Anne Ravanona. «Seulement 7% de ces investisseurs sont des femmes, et 20% des business angels.» Qu’est-ce que cela veut dire, en résumé ? Que la très grosse majorité de l’argent qui circule est entre les mains des hommes.
Quelles difficultés spécifiques évoquent-elles quand on les interroge ?
Les femmes qui ont levé ou tenté de lever des fonds évoquent toutes la difficulté à convaincre, à être prise au sérieux. Lorsqu’il s’agit de pitcher son projet, une femme a toutes les chances de le faire devant une brochette d’hommes investisseurs, avec ce qu’elle comporte de codes et de biais parfois inconscients. «J’ai une fille de 14 ans et un fils de 12 ans, et je sais que le monde tel qu’il fonctionne aujourd’hui donnerait 70% de chances de plus à mon fils de lever des fonds pour mener un projet qu’à ma fille, explique Anne Ravanona. Cela me met en colère, terriblement. Je veux casser ce plafond de verre qui persiste quand il s’agit de lever des fonds».
Les femmes bâtissent-elles leurs propres obstacles ?
Réponse sans ambiguïté de la spécialiste: «Certainement. Les créatrices d’entreprise face à des investisseurs demandent en général en phase d’amorçage 500 000 euros, là où les hommes n’ont aucun problème pour demander un million. Les femmes cherchent de l’argent pour tenir douze mois, quand elles devraient viser plus loin, entre 18 à 24 mois au moins. Mon conseil n°1: ask for more ! (demandez plus, NDLR)».
La levée de fonds s’apprend-elle, et comment ?
Anne Ravanona est formelle : «La levée d’argent, c’est trois choses qui fonctionnent ensemble. Un processus – donc une façon de faire qui s’apprend, et se reproduit. Une performance – d’où l’importante de savoir parfaitement pitcher son projet le jour J. Et une perspective – donc la nécessité d’indiquer des pistes crédibles de croissance.» On s’y prépare donc, pour ne pas se faire avoir, et démystifier l’exercice. «C’est un jeu dont il faut posséder les règles. En même temps, il est important de ne pas brûler les étapes, pour ne pas brûler ses contacts», assure la spécialiste.
Quels outils la plateforme Global Invest Her fournit -elle ?
Anne Ravanona a interviewé pendant trois ans une cinquantaine de femmes entrepreneures du monde entier pour leur demander comment elles avaient réussi leur levée de fonds. Il s’agit globalement de femmes qui ont levé entre 250.000 dollars et 200 millions. Il leur a été demandé quels avaient été leurs défis, et les chemins empruntés, les bons tuyaux utilisés. Elle a ensuite fait la même chose avec des investisseurs, et cherché à comprendre ce qu’ils attendaient, notamment d’un premier rendez-vous. Ces interviews sont exclusifs. Ils permettent de donner des clés, donc de gagner du temps. Véritable banque de données, la plateforme Global Invest Her comprend des articles, des videos, des webinars (séminaires en ligne interactifs pendant 90 minutes) et une multitude de Do and don’t sur des thèmes précis. Global Invest Her fonctionne par abonnement, de 49 à 150 dollars selon les données recherchées (fiches conseils, partages de ressources, de réseaux, conseils de mentors…) et jusqu’à 500 dollars pour un coaching personnalisé.
Article de Le Figaro