Les nouveaux modèles « collaboratifs » d’investissement à capital-risque ont le vent en poupe. Le fonds a16z (Andressen-Horowitz avec des apports chez Twitter, Facebook, Skype…) et quelques autres boutiques de la Silicon Valley proposent une approche intégrée de l’accompagnement de la start-up et de leurs fondateurs.
Le principe consiste à intégrer au financement de la start-up un accompagnement étroit du management sur trois axes : le business development, l’aide au recrutement et le réseautage et l’introduction du concept au marché visé.
Peu de fonds d’amorçage ou de capital-risqueurs ont jusqu’à présent mis en pratique cette idée pendant toute la phase de développement de la start-up. Les plus actifs en la matière n’ont pas à se plaindre. Le fondd a16z a déjà remboursé les 300 millions de dollars levés après seulement trois ans.
Les détracteurs de ce modèle défendent une séparation nette des rôles et des principes de chaque industrie, avec en trame de fond la non-ingérence des investisseurs auprès des fondateurs et des PDG de start-up. Or l’idée de cette nouvelle approche n’est pas forcément de mettre en concurrence les différents détenteurs d’enjeux de la start-up, mais de permettre à valoriser l’entreprise plus rapidement.
L’investisseur valorise le fondateur, sa technicité, ses convictions et sa vision du produit et du marché. Reste qu’il lui faut parfois être accompagné par un partenaire de confiance pour acquérir les bases du business development qui vont l’aider à développer son entreprise.
Le modèle existe déjà pour les amorçages où le business angel est parfois un ancien entrepreneur couronné de succès et qui prend de temps pour aider à lancer l’entreprise dans laquelle il investit. L’étape suivante consiste donc à allier la taille plus conséquente d’un fonds de capital risque ou de capital développement, son réseau et son expertise, avec la valeur ajoutée qu’apporte un accompagnement de business development.
Le fonds d’investissement n’est plus simplement un actionnaire expert, mais un vrai partenaire. L’engagement et la nature de ce partenariat dépend aussi de la nature des fondateurs et dirigeants de la start up. Il est en effet a priori beaucoup plus aisé de piloter un fondateur technologue et de lui apprendre à développer son entreprise que de piloter un ancien PDG qui prendra pour de l’ingérence l’engagement de l’investisseur.
Dans un souci d’efficacité, le jeu consiste alors à utiliser un réseau bien identifié de spécialistes pour soutenir la start-up. Et pour l’investisseur, de ne pas intervenir en direct. C’est sûrement là une des difficultés majeures du concept, car elle implique pour les associés de pouvoir à la fois fédérer ce réseau de spécialistes, et de les piloter sur chacun des projets. Tout ceci a bien sur un coût réel pour le fonds d’investissement car il finance ses services de conseils et d’accompagnement sur ses frais de gestion. Mais il consolide ce faisant les chances d’une meilleure sortie…
Le coté vertueux du concept ne l’est bien sûr pas forcément pour toutes les start-up ni pour tous les fonds. Le degré d’engagement du fonds dépendra à la fois de l’équipe de management déjà en place, de la maturité de l’entreprise et du capital investi. Mais si bien exécuté, il peut être souvent bénéfique à tous les détenteurs d’enjeux.
L’idée incite à réflexion et reste à mûrir, particulièrement en Europe, où les frontières entre les différentes industries – fonds d’investissement et fondateurs/inventeurs – sont moins poreuses que dans le monde anglo-saxon.
Au moment où la Silicon Valley inscrit ce tournant d’un paradigme de l’industrie du capital risque, les fonds européens, et particulièrement les fonds à capital risque et capital développement, ont ici un beau challenge à poursuivre pour soutenir le formidable vivier d’entrepreneurs qui ne demandent qu’à dynamiser le paysage économique existant.
Par Julien Venturini