Leader du Startup Leadership Program sur la France, Xavier Milin est le fondateur de Basics Finance, société proposant les services de Direction Financière en temps partagé pour les entreprises innovantes. Il nous livre 3 idées reçues qu’il a pu rencontrer au fil de ses rencontres avec les startups.
« Accompagner les startups est un plaisir, et notre rôle est souvent de combattre quelques idées reçues. C’est pourquoi nous allons faire le tour de quelques fausses idées que se font les entrepreneurs autour de sujets qui les concernent directement. Nous commencerons par la recherche de fonds auprès des business angels.
Fausse Idée Numéro 1 : « Comme je ne lève de 200 à 300k€, il va être facile de trouver des business angels rapidement »
Les mots inquiétants de cette affirmation sont « facile », et « rapidement ».
Si l’idée était peut-être vraie à une époque que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, aujourd’hui les choses sont nettement plus compliquées.
Tout d’abord parlons de la concurrence entre startups. Un réseau de business angels reste un réseau d’investisseurs qui de par sa structure ne va pas pouvoir toujours absorber l’ensemble du flux de dossiers et n’investira que sur une infime partie des dossiers présentés. C’est ainsi que le ratio du nombre de dossiers financés par rapport au nombre de dossiers reçus dans un réseau de business angels est à peine plus élevé que celui d’un fonds d’amorçage.
Ceci implique donc des critères de sélection de plus en plus élevés. A titre d’exemple, il est préférable aujourd’hui de montrer que l’on commence à facturer de vrais clients.
A part quelques personnalités de renom qui le plus souvent participent déjà à des fonds d’amorçage, un business angel investit rarement des sommes élevées dans une entreprise. Le « ticket moyen» oscille ainsi souvent entre 5000 et 20 000 euros selon les clubs. Si le dossier plait, un même réseau de business angels pourra probablement réunir quelques investisseurs, mais, il faudra très probablement séduire d’autres réseaux avant de pouvoir lever les sommes recherchées.
Rencontrer les réseaux de business angles est un travail de longue haleine. Celà demande une grande disponibilité pour la préparation, les présentations de pitch ou encore les étapes d’instruction et de négociation. Le tout se déroule sur une période plus ou moins longue, au rythme des réseaux, ce qui est difficile à gérer lorsque l’on voit le niveau de son compte en banque dépérir.
N’estimez jamais à moins de trois mois une levée de fonds ! Et par sécurité, tablez plus sur 6 mois.
Posez vous les bonnes questions:
- Êtes vous certain d’avoir besoin de 200 ou 300 k€ ?
- Comment avez vous identifié ce besoin ?
- Que va vous permettre de faire cette somme ?
Fausse idée N°2 : « J’ai fait un business plan avec mon expert comptable. Ce sera suffisant pour la levée »
Le business plan, connu aussi comme « le BP », fait en effet partie des documents nécessaires à toute recherche de fonds. Il n’est cependant pas le seul.
Il faudra ainsi savoir produire :
- Un exective summary (1 page) qui reprend les informations clé du BP
- Un elevator pitch : présentation orale du projet 1 / 5/ 10 minutes avec support adapté
- Un memorandum d’investissement
- Le business plan qui reflète la stratégie à court/moyen terme
Tous ces documents sont essentiels !
S’il ne faut pas sous-estimer le travail des experts comptables, il ne faut pas non plus oublier qu’un Business Plan ne se résume pas à un compte de résultat et un tableau de flux de trésorerie à 3 ou 5 ans. Ces documents ne sont que les reflets chiffrés d’une stratégie et d’un business model qu’il convient d’expliquer de manière claire et précise.
Pour ne parler que du pitch, il est impératif d’avoir mis sur pieds une présentation adaptée à l’audience, et au temps de présentation. Un pitch est un exercice oral de séduction qui se prépare, se répète, se joue. Le pitch n’est pas là pour tout dire, mais pour donner envie aux investisseurs de vous revoir !!!
Enfin dans le cadre de l’instruction de votre dossier, et en particulier dans le cadre des « due diligence », il faudra absolument être capable de présenter l’ensemble des éléments financiers, contractuels, …. Il vaut mieux avoir ces éléments disponibles rapidement.
Fausse idée N°3 : « Je suis plus crédible si mon business plan est pessimiste »
Sachez bien une chose : votre business plan est très probablement faux. Je ne connais pas de société qui ait réussi à suivre parfaitement son business plan sur 3 ans, en chiffre d’affaires et en résultat opérationnel.
Le business plan reflète une vision et la stratégie de mise en place de cette vision. Or, le monde change, tout comme les conditions de marché. Une hypothèse vraie aujourd’hui a de fortes chances de ne plus l’être dans 18 mois.
Si vous pensez qu’un business plan doit présenter une situation « pessimiste » des projections, faites attention !!! Les investisseurs partent souvent du postulat inverse, et s’attendent à ce que vous ayez présenté la future mariée avec ses plus beaux atouts. Ils vont donc au premier abord penser à des projections optimistes et noirciront le tableau.
Le fait de présenter les chiffres déjà pessimistes ne va donc qu’avoir un double effet n’allant pas dans le sens espéré.
Pour éviter cela : soyez factuels !!! Ne construisez vos projections que sur des hypothèses tangibles que vous pouvez expliquer. Restez un peu optimistes tout de même ! Les investisseurs veulent voir des entrepreneurs qui croient en leur projet, et on ne leur reprochera jamais d’en espérer trop …. dans la limite du raisonnable! »